Questions fréquentes

On m’accuse de viol/d’agression sexuelle, que faire ?

Prends du recul

Que ce soit en face à face ou par écrit, répondre à chaud c’est risquer de réagir par égo et de faire plus de mal que de bien. En face à face, tu peux demander à la personne qui te le dit de te laisser du temps pour digérer et réagir de manière appropriée, pourquoi pas en fixant un moment précis pour vous retrouver et mettre les choses à plat. Si c’est par écrit, pose-toi avant de rédiger ta réponse.

Réfléchis à ton comportement.

Ton premier réflexe sera sans doute de vouloir te dédouaner, parce que tu n’es pas « un.e monstre », que tu n’as pas été violent.e, que ce qui s’est passé ne ressemble pas au stéréotype du viol de notre culture. Mais ne pas respecter le consentement de quelqu’un, ce n’est pas seulement contraindre par la force une personne qui se débat. Alors, réfléchis à ton comportement.
Est-ce que tu sais déjà pourquoi on te dit ça ? Sinon, cherche où tu as pu ne pas être attentif.ve. Est-ce que tu as tendance à insister quand on te dit « non » ou « je sais pas » ? Est-ce que vous aviez bu ou pris de la drogue ? Est-ce que tu as demandé explicitement son consentement ? Est-ce que tu as reçu un « oui » enthousiaste en retour ? Est-ce qu’il est possible que tu n’aies pas été attenif.ve aux signaux pendant le sexe ?

Ne remets pas la personne en cause

Ce genre d’accusations ne se fait pas à la légère. Ça demande énormément de force et de détermination à quelqu’un dont on n’a pas respecté le consentement pour faire face à la personne qui l’a blessé. Ne minimise pas le vécu de la personne. Ne nie pas. Si vraiment tu ne comprends pas, demande plus d’explications, mais n’essaie pas de te dédouaner.

Présente tes excuses

C’est important de prendre ses responsabilités, même si c’est dur, et de présenter de véritables excuses. « Pardon si je t’ai fait du mal », ce n’est pas présenter ses excuses, par exemple. « Désolé.e, mais » ça ne compte pas non plus.

Faire ses excuses c’est :

  • Reconnaitre ses torts
    Ex : Je me rends compte que je ne t’ai pas respecté.e/que je n’ai pas compris les signaux et que ça t’a fait beaucoup de mal, j’ai eu tort
  • Demander des excuses pour un fait précis
    Ex : Je suis désolée de n’avoir pas été assez attentif.ve
  • Agir pour ne pas reproduire
    Ex : À l’avenir je te demanderai explicitement si tu es d’accord/Je vérifierai plus souvent que tout va bien (et le faire réellement !)
  • Demander si on peut aider à réparer ses torts
    Ex : Est-ce que je peux faire quoi que ce soit pour améliorer les choses, est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ?

Accepte de n’être pas pardonné.e, ou pas immédiatement

Présenter ses excuses ne donne pas l’obligation à l’autre de nous absoudre immédiatement. Présenter ses excuses dans le but qu’on nous absolve, ce n’est pas réellement être désolé.e, c’est vouloir éviter de gérer ses propres émotions, et c’est une attente injuste envers l’autre.
Si l’autre ne veut plus te voir, ou te déteste désormais, ton devoir c’est de RESPECTER ses émotions et ses besoins. Peut-être qu’il n’y aura pas de possibilité de réparer la relation que vous aviez. C’est comme ça. C’est tout.

Gère tes propres émotions de ton côté, et laisse l’autre gérer les siennes comme iel l’entend

Quoi que tu ressentes (injustice, colère, peur, honte, culpabilité, tristesse, etc) tu as le droit de le ressentir. Une émotion est forcément juste. Tu peux en ressentir plein en même temps, mêmes certaines qui te semblent contradictoires. C’est normal. Et il n’y a qu’un moyen pour qu’elle passe, c’est de la ressentir pleinement, et surtout pas de l’éviter. Les émotions que tu vas ressentir risquent d’être très dures. MAIS, il est primordial de gérer ces émotions toi-même, et de ne pas les faire peser sur l’autre. La personne qui t’a mis face à tes actes doit gérer son propre cocktail d’émotions difficiles et ce n’est pas à elle de t’aider à aller mieux. Parles-en à un.e psy, ou à des personnes de confiance, mais PAS à la personne que tu as blessée.
De même, accepte que l’autre gère ses émotions à sa façon, y compris si cela veut dire qu’iel t’ignore ou ne veut plus te parler. Même si iel est furieuxe après toi. Ses émotions sont légitimes, tout autant que les tiennes.

Informe-toi sur les notions de consentement, pour faire mieux et ne pas reproduire tes erreurs

Peut-être que tu as agis par ignorance et que tu ne réalisais pas que n’importe quoi d’autre qu’un « Oui » enthousiaste est un non en matière de sexe et de consentement. Peut-être que tu le savais, mais que tu ne t’es pas rendu compte de la gravité de tes actes. Quoi qu’il en soit, l’important maintenant, c’est de ne pas blesser quelqu’un d’autre. Alors, renseigne-toi. Il y a plein d’articles en ligne sur le consentement, et sur ce site tu trouveras même un guide entier sur le consentement, ce qu’il est et ce qu’il n’est pas, mis à ta disposition. Alors lis, regarde des vidéos explicatives, parle-en avec des ami.e.s, renseigne-toi. Comprends où sont tes erreurs et tes incompréhensions, où tu as besoin de t’améliorer. Et change ton comportement au quotidien.

Diffuse ces informations autour de toi

Enfin, une dernière étape : tu t’es remis.e en cause, tu as appris et tu t’améliores. Très bien ! Mais peut-être y a-t-il autour de toi d’autres personnes qui ne sont pas au point sur le consentement. Partage les ressources qui t’ont aidée, pour qu’elles les aident aussi. Et si tu vois un.e de tes proches avoir un comportement limite, reprends-les, de préférence en privé et avec bienveillance, même si ça risque de créer des conflits. Donne-leur l’occasion de faire mieux. Il est bien moins douloureux pour toi d’éduquer tes ami.e.s et proches, que pour une personne qu’iels auraient blessée de les confronter.

Et si on porte plainte contre toi ?

Que tu apprennes l’accusation par la justice suite à une plainte, ou par la personne que tu as blessée, tous les conseils que tu as lus plus haut restent valables.

Qu’on dépose une plainte contre toi peut être effrayant, c’est compréhensible. Ton premier réflexe sera peut-être de revenir sur tout le chemin accompli avec les conseils précédents de cet article, et de nier en bloc pour te protéger, mais cela ne t’aide ni toi, ni la personne à qui tu as fait du mal.

Même si c’est dur à entendre, ne pas respecter le consentement de quelqu’un, c’est l’agresser sexuellement ou la violer, et c’est un crime. La personne qui porte plainte contre toi est dans son droit le plus strict.

Alors, suis aussi les conseils précédents lors de ta déposition, voire du procès : reconnais tes torts, excuse-t-en, et reste honnête. C’est le mieux à faire pour toi, et encore plus pour la personne que tu as blessée, qui doit désormais se reconstruire. Les conséquences seront peut-être difficiles à gérer, mais si tu prends du recul et que tu observes la situation sous un autre angle, c’est bien plus dur pour la personne que tu as blessée, qui doit désormais vivre avec un traumatisme lourd, et trouver comment vivre avec le reste de sa vie. Le moins que tu puisses faire, c’est d’assumer les conséquences de tes actes, et de porter ta part du poids de ce que tu as fait. Ne pas être condamné.e par la justice n’effacera pas le poids de la culpabilité que tu portes, et l’exacerbera même sans doute. Permettre à la justice de suivre son cours, c’est important à la fois pour le processus de deuil et de guérison de la personne que tu as blessée, et pour le tien. La justice fait la différence entre un criminel multirécidiviste et une personne dont c’est le premier crime : tu ne passeras sans doute pas ta vie en prison, de toute façon. Mais la personne que tu as blessée, elle, devra porter le poids de tes actes le reste de sa vie. Imagine la douleur supplémentaire que tu lui infliges si en plus tu nies les faits pour te protéger.

En espérant que cet article t’aura aidé à avancer et t’améliorer ! Si malgré tout ça tu as encore des questions, n’hésite pas à nous contacter via notre formulaire de contact.

Note : Si tu t’es rendu compte seul.e que tu n’as pas respecté le consentement de quelqu’un, toutes ces étapes fonctionnent aussi pour toi.