Témoignages

Cette histoire me hante

Cette histoire me hante. Cette histoire m’obsède.
Elle m’a brisée, son souvenir m’a effacé, et j’ai cessé de vivre toute une année après cela. Aujourd’hui, je doute encore de ce que j’ai vécu, de ce que j’ai ressenti, de ce que ca m’a fait, mai une chose est certaine; j’ai été traumatisée. Et ce traumatisme est là, toujours, même si je vais mieux, dans un coin de ma tête. Comme un insecte métallique qui cogne mon cerveau chaque fois que j’oublie.

Il y a deux ans, j’ai revu un ami d’enfance, après une rupture difficile. Il était grand, beau intelligent, l’homme idéal en quelque sorte. On s’est vu une après-midi, c’était superbe, j’avais l’impression d’enfin retrouver une possibilité de relation. On s’entendait à merveille, il était adorable avec moi, me complimentait… Deux semaines plus tard, je l’ai invité à une soirée.

J’avais passé tout ce temps à fantasmer sur lui, à m’imaginer tout ce qui pourrait arriver entre nous. Je venais chez lui, le lit était blanc, et je ressentais un plaisir immense à lui faire l’amour. Mais en réalité, quand il est arrivé à cette soirée, c’était étrange. Il était venu avec des amis devant la porte, et quand je suis venu le chercher, il m’a embrassé comme pour leur prouver quelque chose. Je me suis écartée, et l’ai emmené dans l’appart.
Pas un baiser, pas un geste tendre de la soirée. Au bout d’un certain temps, je vais à côté de lui et l’embrasse. Il se lève, me dit “viens”. Je le suis. On s’embrasse dans le couloir. Puis il rentre dans la salle de bain, m’entraine tendrement, ferme la porte, me plaque contre celle-ci, m’embrasse. Je sais ce qu’il va se passer, mais je ne ressens ni désir, ni dégout. Je veux éteindre la lumière, mais il me dit “Non, je veux te voir”. Il y avait tant de désir dans sa voix. C’était flatteur. Il me déshabille, je le déshabille.

Nous commençons à faire l’amour. Je ne ressens rien, à part une vague douleur, surement due à ma sécheresse à cet instant. Ce n’est pas agréable, je simule. Puis il se lève, je me lève aussi, mais il me rabaisse, et me demande de lui faire une fellation. Je n’en ai pas envi. J’ai toujours détesté ça. Mais je me force. Mais voilà que sa main se colle à mon crâne, et qu’il lance les mouvements rapides et violents. Je sens son sexe dans ma bouche, qui s’enfonce, de plus en plus… J’ai envi de vomir. Je tente de me dégager de sa main qui appuie sur mon crâne, lui lance “arrête!”.
Il me dit: “désolé, je suis vraiment désolé…” Et recommence. Il me baise la bouche, enfonce son sexe profondément. Je ne m’en souviens qu’en écrivant cela.

Je ne sais pas combien de temps ça a duré, mais il m’allongea ensuite sur le carrelage de la salle de bain, et me pénètra, en faisant des mouvements bizarres avec son bassin. J’ai mal au dos, aux hanches, au sexe, il me fait mal. Je grimace. Mais ne dit rien, ne grogne pas, ne hurle pas. Il me semble que cela dure des heures. À un moment, il met sa main sur ma gorge, m’étrangle doucement mais surement. Je suffoque peu à peu, mais ne bouge pas. Je me laisse faire. J’ai mal, il me fait mal, je grimace, mais ne bouge pas. Il veut changer de position. Cela dure, tellement longtemps… Des amis frappent à la porte, rigolent, se foutent de notre gueule, juste au travers d’la porte. Moi je suis là, paralysée, comme un objet. “Tu aimes ça toi, hmm?” me dit-il en me remettant à genoux. Et il recommence ce mouvement infernal, ce mouvement qui m’a tant dégouté, sa main sur ma tête.
Nous sortons au bout d’un certain temps.

Tout le monde est entrain de se coucher.
Moi je ne pense pas.
Je ne sais pas quoi penser.
Je me dis qu’on vient de coucher ensemble et qu’il serait de bon ton de me faire enlacer par lui. Mon amie nous met dans la même chambre. Et ça recommence; la fellation presque forcée, les préliminaires qui me font horriblement mal et moi paralaysée, qui n’ose rien dire, et lui s’excusant à chaque fois que je m’exprime, mais recommençant de plus belle ensuite. Alors que nous sommes en levrette, il s’arrête un moment, puis, sans me concerter, me pénètre par “l’autre trou”. D’un coup. Je gémis de douleur, lui dit d’arrêter. “Pardon, pardon, je suis désolé…”
Puis il recommence à me baiser.
RECOMMENCE CETTE FELLATION ATROCE, dont je suis incapable de me défendre, mentalement plus que physiquement. Je crois qu’on finit par s’endormir. Le lendemain, adieux conventionnels. Je ne le rappelle jamais. Sur le moment, je ne ressent que la douleur physique. Il m’a fait mal physiquement. J’ai des bleus partout, je ne peux plus m’assoir. Je ris de cette histoire avec des amis. Puis je repense à son regard. Ce regard mouillé de désir infect, l’odeur de ses doigts, de son sexe…

Tout ce qui me hante depuis deux ans. J’ai eu par la suite de nombreuses expériences sans lendemain, nulles, mais pas violentes comme lui. L’année qui suit cette histoire fut terrible. Tentative de suicide, dépravation, dépression, sans que personne ou presque ne s’en rende compte (j’ai malheureusement le talent de cacher ce que je pense).

 Je me suis reconstruite.
Seule.
Quand j’ai pris conscience, un an plus tard, de ce qui m’était arrivé, j’ai replongé dans la dépression. Puis j’ai décidé de me battre. J’ai décidé de ne plus être morte. Cette histoire m’a marquée, m’a changée, mais m’a rendue plus forte. Plus forte que lui, qui m’a fait tant de mal. Plus forte que ceux qui ne m’ont pas soutenue. Je suis indestructible.