Questions fréquentes

Comment aimer son corps à nouveau après un viol ?

Lorsque on subit des violences, l’esprit dissocie, c’est à dire que le cerveau disjoncte en quelque sorte pour se protéger du traumatisme. Ça a pour effet une impression de séparation du corps et de l’esprit que vous avez peut être déjà ressenti. Pour aimer de nouveau son corps, la première étape c’est de reconnecter avec, mais il faut y aller progressivement !

Ressentir ses émotions

Les émotions ressenties pendant et après le traumatisme sont ancrées dans le corps. Colère, honte, culpabilité, peur, tristesse, ce cocktail d’émotions, s’il n’est pas pris en compte, se fait entendre par des douleurs physiques, de l’inconfort, un malaise général. Il est courant de ressentir de la culpabilité et de la colère, souvent dirigé contre soi et souvent son corps. Se pardonner à soi-même et se rappeler que l’on a RIEN fait de mal, rien pour mériter les violences est aussi une étape.
Prendre le temps d’identifier et de ressentir chaque émotion stockée dans notre corps permet de les désamorcer : une fois ressentie, l’émotion se calme jusqu’à progressivement disparaitre.
Il est possible de faire ce travail seul.e, par exemple par le « journaling » en écrivant chaque émotion identifiée, ses causes, où elle se manifeste dans le corps, etc.
La méditation peut aussi être une aide !
Mais les violences sexuelles provoquent des émotions très fortes qu’il peut être difficile de gérer seul.e. Dans ce cas, un suivi psychologique, et faire ce travail accompagné.e d’un.e psy peut être vraiment utile.

Réapprivoiser ses 5 sens

Pour avancer sur ce chemin, on peut commencer par faire des choses qui sont agréables physiquement, en s’appuyant sur nos cinq sens.
Les activités qu’on choisit sont très personnelles : elles doivent vraiment refléter ce qui nous apaise personnellement.

Les sensations physiques quelles qu’elles soient peuvent réactiver le traumatisme, après des violences sexuelles. On peut alors choisir de commencer par celui des cinq sens qui est le plus facile pour nous, qui réactive le moins le souvenir de l’agression.

Voici quelques exemples d’activités liées aux cinq sens pour doucement se réapproprier son corps :

  • Le toucher : s’enrouler dans un plaid, porter des vêtements dont on aime la texture, mettre une crème agréable sur la peau, prendre un bain ou une douche chaude…
  • Le goût : cuisiner des plats qui nous réconfortent, s’offrir notre pâtisserie préférée, boire quelque chose dont le goût nous plait, ou qui nous rappelle de bons souvenirs…
  • L’odorat : diffuser des huiles essentielles, porter un parfum qu’on aime, utiliser des produits cosmétiques à l’odeur agréable…
  • La vue : choisir des fonds d’écran qui nous apaisent, décorer sa chambre avec des éléments qui nous plaisent, regarder un beau film, une série, visiter (virtuellement ou réellement) un musée, peindre…
  • L’ouïe : faire une playlist de nos chansons préférées, chanter, écouter du bruit blanc ou des bruits de la nature…

Utiliser le mouvement

Une fois que les sensations physiques sont plus faciles à ressentir, on peut se concentrer sur des activités physiques qui nous ancrent dans notre corps. Pour cela, le mouvement et le sport sont très utiles ! Il s’agit alors de trouver des activités qui nous font nous sentir bien dans notre corps et ne nous donne pas l’impression de nous punir ! Pour certain.e.s, la course à pied sera une activité très agréable, pour d’autres ça sera une torture. Il s’agit de choisir ce qui nous aide réellement nous, et ce sera différent pour chacun.e.

Quelques exemples d’activités physiques, pour s’inspirer :

  • Le Yoga, pour être dans le moment, et s’ancrer dans son corps, le ressentir et l’apprivoiser
  • La danse, pour redécouvrir la liberté et les possibilités, le plaisir de bouger et d’avoir un corps
  • L’athlétisme, pour découvrir les capacités de son corps, ce qu’il est capable de faire et se dépasser
  • Les sports de combat, pour réapprendre à faire confiance à son corps et se sentir en sécurité

Les possibilités sont infinies, à chacun.e de trouver ce qui lui convient.

Redécouvrir sa sexualité

Pour se réapproprier sa sexualité, la masturbation peut aussi être une grande alliée. Explorer son corps seul.e est souvent plus sécurisant après avoir subi des violences : on peut s’arrêter à tout moment si jamais quelque chose ne va pas. Expérimenter avec des sextoys peut être très libérateur.

Avec un.e partenaire, discuter des gestes qui peuvent être à l’origine de malaises, crises ou comportements dissociatifs est une première étape importante. Prendre son temps et établir des manières de communiquer efficaces est aussi très utile.
Il peut arriver que l’on dissocie pendant un rapport, et que l’on passe en « mode automatique » : on peut ne plus réussir à dire non, voire même initier des actes sexuels que l’on ne souhaite pas car le cerveau a associé ce comportement avec la façon d’éviter des traumas : Si c’est moi qui le fait, on ne me force pas. Si c’est votre cas, en discuter avec votre partenaire et l’aider à reconnaitre les signes de ce genre de cas peut vous aider à vous sentir plus en sécurité et retrouver une sexualité saine et épanouie.

Enfin, une sexothérapie ou une thérapie conventionnelle, et même de l’art-thérapie peuvent vous aider à aller plus loin et/ou plus vite sur ce chemin.